Notre communication vise à étudier les effets des dispositifs d'individualisation sur les difficultés langagières (Millon-Fauré, 2005) d'Élèves Alloglottes nés en France (EANF), issus de milieux populaires et scolarisés en Réseaux d'Éducation Prioritaire (REP). Nous formulons l'hypothèse qu'en REP les difficultés langagières des EANF sont accentuées par des malentendus (Bautier & Rayou, 2009) entre leurs difficultés, déjà présentes, et les pratiques d'enseignement. Pour vérifier cela, nous avons recueilli 36 films de séances d'enseignement de 18 écoles élémentaires marseillaises en REP et Hors REP (HREP). L'analyse didactique est basée sur la Théorie de l'Action Conjointe Didactique (TACD ; Sensevy & Mercier, 2007), notamment sur le discours de l'enseignant lorsqu'il définit, dévolue, régule la tâche et institutionnalise le savoir. Ainsi que sur la manière dont l'élève interprète et agit à partir de ce discours à travers les notions de difficulté et d'erreur (Brousseau, 2003). Les résultats indiquent que les malentendus, davantage présents en REP, empêchent l'ensemble des élèves à parvenir à une construction collective et élaborée du sens des actions accomplies ; et en amont, à repérer l'enjeu didactique, difficilement repérable, faute de réel moment d'institutionnalisation. De plus, les malentendus affectent davantage les interprétations et les actions des EANF en REP qu'en HREP.
- Autre